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Le paradoxe Good move : un plan qui pénalise les plus pauvres et les quartiers où il y a le moins de voitures

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Le paradoxe du plan Good Move, sensé apaiser les quartiers dans la région bruxelloise, est qu’il empoisonne la vie de celles et ceux qui ont les revenus les plus bas du pays et qui utilisent déjà le moins la voiture. Bruxelles est déjà « autoluw » ! « Autoluw », c’est en néerlandais le but du plan Good move, qui, comme chacun sait a été pensé dans cette langue. Il s’agit de zones faiblement motorisées. Eh bien les chiffres nous montrent que les habitants de Bruxelles le sont déjà, faiblement motorisés.   En effet, selon Bruxelles Environnement, « en ce qui concerne les déplacements dans la Région bruxelloise intra-muros, la marche arrive en première position (35%) suivie de près par la voiture (30%… contre 50% en 1999) et par les transports en commun (28%, train y compris). Le vélo se classe loin derrière (5%) [1] . L’utilisation de la voiture a donc déjà baissé de 20 % en vingt ans et, en gros, les Bruxellois utilisent relativement peu la voiture en intra-muros. Les habitants

Remember the sky : le ciel bleu du 11 septembre…

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Luk Vervaet et Nadine Rosa-Rosso Enfants d'Afghanistan, photo www.France 24.com Nos pays ont érigé la victimisation en nouvelle culture occidentale. Après la conquête du monde pour le christianiser, puis pour lui apporter la civilisation et enfin la démocratie et les droits humains, par le massacre des populations et le vol de leurs richesses, voici venue l’heure de nous présenter comme victimes.  Victimes du terrorisme barbare. Victimes des attentats horribles qui ont bouleversé et « changé la face du monde pour toujours », peut-on lire sur presque tous les médias, sans provoquer le moindre froncement de sourcils.  Si l’on veut s’attaquer au bilan du monde, ne serait-ce pas plutôt l’effondrement du camp socialiste en 1989, suivi immédiatement par les guerres sans fin contre les pays musulmans, à commencer par la première guerre du Golfe en 1991, qui est le vrai tournant historique ? Le jour même des attentats du 11 septembre, nous avions lancé un appel « à empêcher le gouverne

La visite du pape en Irak, ou la mémoire défaillante de François

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Le pape François dans les ruines de Mossoul, en Irak, ce 7 mars - © VINCENZO PINTO - AFP (site RTBf)  Le pape François, lors de sa visite en Irak, s’est employé à dénoncer la situation dans le pays et a fait appel à la cessation des violences  et à l’unité des différentes confessions. Soit. Qui ne le souhaiterait pas ? Le problème est qu’il a réduit la question des violences et des intolérances à la question du terrorisme. La plupart des journalistes lui ont allègrement emboîté le pas. Mais personne ne s’est souvenu des paroles d’un autre pape, pas spécialement connu pour son progressisme mais plutôt pour sa part active dans le combat anticommuniste, le pape polonais Jean-Paul II , qui déclarait à l’occasion de Noël, en 1990 : «  Que les responsables en soient convaincus, la guerre est une aventure sans retour !  ». Jean-Paul II a dénoncé, lui, la guerre qui se préparait contre l’Irak, et alors que le premier déluge de bombes s’abattait sur Bagdad, le 17 janvier 1991, «  dans son dis

17 janvier 2021 : 60 ans après l’assassinat de Patrice Lumumba, 30 ans après la première guerre du Golfe

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  Trente ans, soixante ans… Ces dates peuvent sembler lointaines, des événements du siècle passé. En particulier pour les jeunes générations, nées au vingt-et-unième siècle et confinées aujourd’hui pour la première fois de leur jeune existence. Et pourtant, ces événements marquent profondément notre présent. 17 janvier 1961, l'assassinat de Patrice Lumumba L’assassinat de Patrice Lumumba le 17 janvier 1961, et ceux, à la même époque, de nombreux autres dirigeants africains intègres qui luttaient pour l’indépendance et la reconstruction de leur nation, ont modifié fondamentalement les possibilités d’avenir de ce continent. Pas moins de vingt-deux présidents africains en poste ont été assassinés [1] , sur ordre ou avec la complicité des métropoles européennes et américaines, pour non-servilité aux puissances coloniales. La liquidation de générations entières de dirigeants anticoloniaux n’a pas seulement eu des conséquences dramatiques pour l’Afrique, mais aussi sur la persistan

Témoignage de première main de Blaarmeersen (Gand) : L'après-Blankenberge: toujours plus de racisme policier

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"La police a pratiqué l’épuration ethnique"  L'épisode de Blankenberge, et en particulier le déchaînement de propos racistes parmi les représentants des forces de l'ordre et certains hommes et femmes politiques, continuent à produire leurs effets et leurs ravages. À l'heure où la police se plaint d'être mal aimée et lance des campagnes médiatiques pour le prouver, les témoignages sur les comportements policiers sont essentiels si l'on veut essayer de comprendre ce qui est en jeu. Une jeune femme de Gand, Inge Vangheluwe, vient de publier un témoignage manifestement suscité par une profonde indignation.  Pendant le confinement, j'ai été moi aussi confrontée à de nombreuses reprises, simplement dans mon quartier, au fait que la police ne contrôle pas de la même façon, selon la couleur de la peau des gens, pourtant tous du même quartier. À leur agressivité chaque fois qu'on essaie poliment de le leur faire remarquer. Dans ces périodes difficiles pour

Blankenberge, un témoignage de première main. "Un volcan de haine nous fait réagir démesurément. La solution est fort simple, enlever les jugements, et rester neutre"

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  À l’heure où, d’un côté, les jeunes arrêtés à Blankenberge restent en détention et où, de l’autre côté, les avocats des jeunes de Reuzegom demandent de nouveaux devoirs d’enquête en vue de retarder la tenue du procès (et donc une éventuelle condamnation), j’ai pu recueillir d’une ancienne étudiante, Nadia C, un témoignage direct des événements de Blankenberge. Nadia se remettait d’une très longue épreuve de santé, comprenant également le coronavirus, et voulait profiter d’une journée chaude et tranquille à la plage. La journée fut chaude en effet, mais pas comme elle l’avait espéré. Son témoignage est d’autant plus précieux qu’on a très peu entendu de membres de la communauté incriminée présents au moment des faits. Voici comment Nadia les a vécus.   « J'étais présente à Blankenberge ce jour-là. Tout ce qui s'est passé m'a dégoûtée. Je suis la première à dire si une personne agit mal quelle que soit son origine. Mais là c'était de l'abus des forces de l'ord

Deux peaux, deux classes, deux mesures, par Luk Vervaet et Nadine Rosa-Rosso

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  Le 5 décembre 2018, Sanda Dia, 20 ans, un étudiant métis à la KUL, Katholieke Universiteit van Leuven, a succombé à son « baptême » organisé au sein du cercle étudiant Reuzegom, dans un local scout isolé. Reuzegom, peut-on lire dans la presse, est un club élitaire, composé d’étudiants anversois, qui sont fils d’un papa huissier, banquier, juge du tribunal de première instance ou haut-placé dans les institutions européennes. Membre aussi, mais pas présent lors des faits commis contre Sanda, le fils de la gouverneure d’Anvers. Par le passé, cette bande de dégénérés de « type caucasien » avait déjà défrayé la chronique quand ils se filmaient lors de baptêmes en train d’égorger des lapins ou de faire avaler du Dettol à un porcelet avant de lui tirer une balle dans la tête trois jours plus tard et de lui arracher le cœur.   Après la mort d’un homme (!), Sanda, dix-huit des membres de Reuzegom seront envoyés à la Chambre de conseil qui se tiendra en septembre 2020, près de deux ans